Le Jardin à la flamande

L'une des planches de Sandérus

Parmi les planches de Sanderus  (1586-1664) dans sa Flandria illustrata qui a immortalisé les jardins flamands historiques, celle d’Esquelbecq (Tome 2, 1644) reste une réalité : l’esprit des lieux, du château au jardin à compartiments en passant par les dépendances bâties a été conservé.

L’architecture de brique du château reprend la forme du quadrilatère entouré de larges douves avec une tour à chaque angle, une demie tour au milieu des ailes nord et sud, deux tours cantonnant l’entrée principale à l’Est.

On accède par un pont pavé au jardin à compartiments qui forme une parcelle juxtaposée au château, séparée par les douves. Il s’inscrit dans un large carré, évoquant l’aspect d’un « jardin clos » du Moyen-Age dont les contours extérieurs sont semblables à ceux représentés sur la gravure de Sanderus. Limites du jardin

Le jardin se compose toujours de deux parties distinctes, dont l’une à l’est, est visible depuis la place du village : une croix dont le tracé des allées par des fruitiers palissés le long d’un treillage est souligné de bordures de buis.

A l’ouest, la plus grande partie, un jardin potager à compartiments divisé en 8 parcelles rectangulaires où les fruitiers viennent d’être taillés et des palissades remontées : plus d’une centaine de fruitiers anciens en contre espaliers avec une majorité de poiriers ainsi que pommiers.

Parmi les nombreux jardins flamands de l’époque renaissance, celui de l’évêque de Gand, Antoine de Triest (1576-1657) établi en 1624 présente des similarités générales et particulières avec celui d’Esquelbecq. Une Aquarelle de 1831 par C.Onghena né à Gand en 1806 reproduit fidèlement un tableau perdu de ce jardin par Lucas Van Uden (1595-1667) et on y observe un jardin à compartiments carrés, séparé physiquement en deux parties entre le jardin bouquetier et le jardin potager : jardin potager marqué par des obélisques et arbres pointus à l’intersection des allées, clôtures des compartiments formées de haies à créneaux et à redents, perches croisées en losange formant des palissades, portiques, niches, pavillons de verdure. La ressemblance stylistique avec la gravure de Sanderus ne pourrait être fortuite du fait qu’à cette même époque, Jacqueline de Triest, la nièce de l’évêque de Gand était aussi l’épouse du seigneur d’Esquelbecq, Albert Hubert de Guernonval.

Ainsi reconnaît-on à Esquelbecq certaines des caractéristiques distinctives du jardin à la flamande avec

  • une superficie relativement modeste
  • un relief faible
  • la forte présence de l’eau avec les douves limitant le sud du jardin
  • une symétrie, une architecture marquée avec des compartiments rectangulaires
  • des haies (charme, aubépine)
  • l’usage de topiaires (lignes de buis)
  • la plantation d’arbres palissés et taillés (poirier, pommier)
  • des cultures utilitaires ( potager, aromatiques et médicinales) séparées d’un ancien “jardin bouquetier”
  • Des matériaux typiques: briques, pierre bleue, pierre calcaire

Entre le développement du jardin et le début du XIXème siècle, il y a un hiatus dans la documentation figurée et écrite sur le jardin à compartiments.

Vers la fin de l’Ancien Régime (1770-1790), la famille Guernonval opère une modification des compartiments et la mise en place d’axes perspectifs. Au nombre de 12 de taille réduite sur la gravure du XVIIème, les compartiments passent à 8 dans la partie face au château tandis qu’une croix est dessinée dans la partie visible de la Place du village. Cette croix est appelée Croix de Bourgogne.

Fin XVIIIème, la façade ouest du château est refaite dans un goût moderne et des travaux d’aménagements ouvrent les douves sur un canal droit puis une île.

Au début du  XIXème siècle, avec les familles Colombier Batteur puis Bergerot, ont lieu la restauration du jardin à compartiments (potager-fruitier) mais aussi la création d’un parc paysager dont l’auteur est aujourd’hui encore inconnu.

Avec une forte présence d’éléments persistants qui conservent un aspect « propre » du jardin même en hiver, cette composition globale unit le jardin régulier et le parc paysager en un seul ensemble.

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