La première mention écrite d’Esquelbecq date du IXème siècle, ce serait l’origine de la motte féodale. Le toponyme Ekelsbeke, « le ruisseau des chênes » rappelle l’implantation ancienne des chênes dans le Houtland (pays au bois).
Au XIIIème siècle, la seigneurie d’Esquelbecq est mentionnée dans les documents généalogiques (famille de Ghistelles et d’Hallewyn).
Après la guerre d’indépendance des Pays-Bas contre l’Espagne, Valentin de Pardieu et ses héritiers entreprennent la reconstruction du village, de l’église et du château. La date la plus ancienne inscrite sur le bâti du domaine est 1590 sur la commanderie. L’autre date inscrite sur le colombier est 1606 la fin de la rénovation par Philippe de Guernonval, neveu de Valentin, tué en 1595.
Si pour certains, André Lenotre (1613-1700) qui a dessiné son premier Jardin à Wattignies entre 1635 et 1637 à 65km d’Esquelbecq aurait pu être à l’origine du dessin du jardin, cela fait partie des légendes locales. La construction du jardin pourrait être datée entre 1600 et 1640.
C’est à travers à l’ouvrage de Sandérus que le jardin flamand, d’un haut niveau de raffinement est connu grâce à la perspective « aérienne » (voir gravure ci contre 1644)
Vers la fin de l’Ancien Régime (1770 -1790) des travaux de remaniement ont lieu et c’est à cette époque que le jardin prend son apparence actuelle (Croix de Bourgogne). Les dégâts matériels causés par les troubles révolutionnaires et l’endettement de la famille de Guernonval laissent le domaine en détresse.
En 1821, Charles de Bethisy, gendre de Henri-Louis de Guernonval (1757-1817) vend la propriété en état avancé de dégradation à Louis Colombier-Batteur (1773-1848) industriel textile de la région, retiré des affaires qui va se consacrer à la restauration du château (relevement de la tour de guêt), et à la création du parc paysager, tout en doublant la superficie du domaine. Maire du village, il obtiendra aussi la création de la gare à Esquelbecq.
La famille Bergerot, propriétaire entre 1851 et 1941 conserve et maintient la propriété héritée de Colombier-Batteur avec la conscience que le jardin à compartiments fait partie du caractère historique du lieu.
Alphonse Bergerot, gendre de Louis Colombier-Batteur se passionne pour le domaine, organise le curage des douves, remporte des prix agricoles pour la gestion du domaine (1867), et des prix horticoles successifs pour la qualité d’entretien du jardin à compartiments (avec le jardinier Aimable Caillez (1904-06). Il entreprend la construction de la serre à vignes et la réfection des palissades à arbres fruitiers (1880), que son fils Auguste (1861-1941) poursuivra.
C’est une période de prestige pour le jardin à compartiments qui devient paradoxalement célèbre pour son « style français pur ».
Entre 1940-44, le domaine est occupé par les Allemands. C’est en Juin 1944 que le château et ses dépendances sont inscrits à l’inventaire des Monuments historiques.
En 1946, Jean Morael industriel du Nord, venu de Wormhout (5km) acquiert la propriété de Madame Bergerot veuve.
Jusqu’à la fin des années 1980, le domaine est entretenu par la famille Morael-Clermont Tonnerre. Il cesse d’être habité en 1984 après la chute de la tour de guet qui va s’effondrer sur l’aile Nord du Château, face au jardin.
Dans les années 2000, la famille Tamer Morael entreprend la rénovation du domaine, en commençant par le château avec la reconstruction de l’aile Nord en 2005 puis les toitures (2015).
Aujourd’hui, c’est au tour du jardin et du parc paysager d’être repris en main.
Dans le château transformé en demeure de plaisance, un petit nombre de familles se ainsi sont succédées traversant des cycles de construction passionnée, alternant avec des périodes d’abandon et de guerres et cependant, le jardin semble avoir été peu affecté.
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